Henriette et Robert Mise à jour septembre 2021
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Henriette, ma grand-mère, dans quelles pensées êtes-vous perdues sur cette photo qui doit dater de la guerre de 14 ?

Soixante années sont alors passées, dans ma mémoire, vous êtes la grand-mère avec qui j'avais plaisir à converser. Je vous revois encore, assise en face de moi à l'angle de la fenêtre du 4, à me passionner de vos souvenirs .

Il y avait aussi les conseils que vous aviez donnés à Bernard partant aux USA pour le mettre en garde contre les conséquences d'une procréation non voulue. Avec le recul, c'est assez curieux, je n'imagine pas Bernard en bourreau des cœurs et Papa qui était assez transparent ne l'a jamais non plus laissé entendre.

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Les années 1890

Dans ces années-là, les enfants étaient confiés à une nourrice, vous avez de ce fait appris le patois avant le français.

Votre oncle Gabriel était aussi le meilleur ami de votre père, il est aussi devenu le vôtre. Impertinence d'enfant vous avez commencé à le tutoyer et ainsi que son frère Raymond. L'usage a perduré et vous avez décidé que les enfants devaient tutoyer leur oncle célibataire. C'est ainsi, qu'en souvenir de Gabriel nous avons tutoyé François.

Les années 1910

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Vous étiez jeunes et souriantes sur la photo, mais qu'avez-vous vu passer dans les hôpitaux complémentaires qui avaient été organisés à Toulouse.

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La société Française de secours aux blessés militaires a accordé une palme d’argent à mademoiselle de Bonne, infirmière en reconnaissance des services rendus par elle à la société dans l’hôpital auxiliaire n° 15 de Toulouse.

Les années 1920

Par l'intermédiaire des Maroussem voisins en Ariège, vous avez épousé Robert Guillou.

Le ménage s'installe au 2 bis allée François Verdier dans l’appartement du second qui était celui dans lequel Robert avait grandi. Le reste du temps, vous êtes à Cepet.

C'est ainsi que vous vous êtes retrouvée à la tête d'une famille nombreuse.

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Le jeudi était souvent l’occasion d’un passage à Cepet ce qui permettait de ramener des provisions.

Les fins de semaines se passaient elles à Toulouse ce qui permettait d’aller goûter chez les uns et les autres (dont les Montbel et ici les Saint-Roman). Au retour, en l’absence de la cuisinière, tout le monde dinait d’un bouillon tiré du pot au feu ; ce qui n’était pas très apprécié des enfants.

L'été est coupé par un séjour sur la côte Basque, même si le séjour à La Bourboule de la photo suivante est une exception.

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Grands-parents de Bonne et oncles Lamarque

Visite à Cepet des grands-parents de Bonne. Ils sont ici accompagnés des oncles Raymond et Gabriel Lamarque qui, à cette époque, vivaient à Toulouse chez leur sœur et leur beau-frère, ce qui explique ce déplacement en groupe.

Gabriel Lamarque (debout à l’arrière) rentrait aussi dans la catégorie des propriétaires terriens actifs dans la cité. En sa défaveur, les terres de l’Ariège qui n’appelaient pas beaucoup de développements possibles.

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Les années 40

La seconde guerre mondiale

La drôle de guerre puis la défaite s’était déroulé loin, loin dans le nord. L’on avait bien vu arriver les cohortes de réfugiés, mais ils avaient finalement trouvé leur place, et finalement, vu du point de vue toulousain, ça s’était passé.

De Gaulle n’était pas un modèle, son départ pour l’Angleterre était vu comme un abandon de l’armée française. Pétain avait eu le mérite d’éviter à la France une décomposition totale ; et la zone libre mettait même Toulouse à distance de l’occupant allemand. Pour tout dire, toute la famille s’était déplacée en 1941 pour l’acclamer lors de son passage à Toulouse au son de "Maréchal nous voilà".

Les pleins pouvoirs accordés à Pierre Laval en 1942 marquent la fin de l’adhésion au régime. La zone libre envahie, les Allemands sont passés voir s’ils pourraient se loger à Cepet, mais ils n’avaient pas insisté , la maison était sans doute trop isolée pour correspondre aux critères des troupes d’occupation.

La légende familiale rapporte qu’Henriette aurait omis de passer dans certaines pièces pour diminuer les possibilités d’accueil.
Des verrous ont été mis sur les portes à Villefranche pour s’isoler des allemands qui s’étaient installés. À l’Observatoire chez les Paloque, Bernard a seulement rapporté le désespoir de l’officier qui venait de recevoir sa mutation sur le front russe.

Une fois ou deux à Toulouse l’on est descendu aux abris lors d’un bombardement et ainsi, à l’écart, la guerre se passera sans que l’on soit informé, ou sans doute sans que l’on ait la certitude que ce qui se disait était bien la vérité. Mais, aucune voix ne venant s’élever contre, l’on a continué à obéir à l’autorité en place, l’on s’est soumis au STO. Bernard serait parti en Allemagne si son père n’était pas mort quelques jours avant son départ, Yves Paloque, Henri d’Arexy n’y ont pas échappé et sont partis, Philippe Guillou, Jean de Langautier ont gardé des voies ferrée la nuit.

Il y a bien un garçon Montbel qui a préféré la résistance au STO, mais son cas reste assez isolé. La résistance n’était pas une option très répandue, peut-être trop concentrée dans les milieux communistes pour être réellement une option.

La propriété permettait de nourrir son monde, et finalement, ce qui restera, ce n’est pas tellement que l’on n’a pas mangé, mais surtout qu’à faire soi-même ses réserves, l’on se retrouvait avec de la charcuterie rance. Les neveux Cabanis n’ont pas oublié le mois de septembre 1946 passé à Cepet pendant lequel ils ont pu à nouveau se nourrir à leur faim, leur reconnaissance dure encore aujourd’hui.

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La Libération

Finalement, la guerre se termina le 19 et 20 août 1944 par la libération de Toulouse par les maquisards. À Cepet, l’on a certainement entendu une nouvelle fois la canonade sur Toulouse et l’on s’est peut-être à nouveau déplacé sur l’allée de la métairie pour voir si l’on apercevait quelque chose.

Le défilé de la Victoire en 1946 depuis le porche du 2bis :

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Les conditions matérielles étaient favorables en cette période où il n’y avait plus rien.

La jeunesse Guillou dans sa belle maison avait encore à sa disposition une voiture ainsi que tout ce qui était nécessaire pour tenir son rang.

Ce fut, comme pour toutes les jeunesses du monde, un moment d’ouverture et de rencontres qui culminera dans le mariage de Bernard en 1946 avec

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Les années 50

Ce temps sera celui de l’arrivée des petits-enfants, d’abord chez Bernard puis chez Annie et Madeleine.

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Les années 60

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Nous entrons dans des années difficiles pour la famille d'Henriette, les choses ne vont pas se dérouler comme elles auraient dû.

Ce fut une période de conflits et d'arrangements, le statu quo qui en résultat n'était pas satisfaisant mais l'on en resta là. Les enfants que nous étions ont beaucoup perdu de ces divisions. Tout ceci doit maintenant entrer dans l'oubli.

De cette époque, je voudrais surtout garder les passages de la camionnette de l'épicier qui s'arrêtait dans la cour de Cepet, ouvrait sa porte arrière et nous laissait entrevoir deux rangées d'étagères garnies de boites et de paquets dont les odeurs réunies constituaient un mélange que je n'ai jamais oublié.

Pour notre génération élevée avec des caddies débordants la suite est surprenante, vous achetiez de quoi remplir un panier en osier et nous pouvions repartir terminer le déjeuner, parce qu'à cette époque, c'est vers 13 heures qu'il arrivait.

Les années 70

Henriette est désormais une très vielle dame.

A Cepet, les réussites occupent une part importante de son temps et pour les petits enfants, ce sont de très nombreuses crapettes ou parfois des écartés quand il fait trop chaud pour sortir.

Une fois par an, nous constituons un groupe de jardiniers qui part à l'assaut d'un massif sous sa conduite. Nous appliquons les leçons des jardiniers du Grand-rond. Combien de chaussettes de lierre n'avons pas nous fait dans ces après-midis ; combien de fusain ont été rabattus, combien de taillis ont été nettoyés.

C'est à l'occasion d'une taille des platanes de la cour qu'Arnaud tombera de son échelle sous ses yeux, beaucoup d'émotion et un plâtre pour le poignet d'Arnaud.

Le soir, c'est un moment important où nous portons l'arrosoir pour faire la tournée des géraniums, des balsamines, des œillets d'indes et des pétunias alignés dans les massifs ou spontanés au milieu du gravier.

Sa compagnie est toujours appréciée et la croiser dans Toulouse un plaisir doublé de fierté de voir que même toute courbée, elle peut encore aller et venir en ville.

Et puis il y eut cette moto qui la renversa devant le Quartier Général, elle est rentrée au 4, mais s'en était fini des sorties, s'en était finie de nos conversations. Elle passait de longs moments pliés en deux à se plaindre de douleurs abdominales dont la médecine ne pouvait venir à bout.

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Je me revois enfin, un jour que je passais la voir, croiser les ambulanciers qui descendaient bonne-maman dans l'escalier de la cour au 4 pour l'emmener à l'hôpital. Je n'ai pas souvenir avoir croisé son regard pour ne serait-ce qu'un bonjour, ni cette fois-là, ni jamais ensuite !

Dernière page de ma gazette qui clôt avec Henriette l'histoire des de Bonne.